C’est pas un peu ringard tout ça ?

 

Mais évidemment que le jeu de société EST ringard. Parce que quand on dit « jeu de société » on a un flash visuel venu tout droit de son passé.

Une image mentale de papa et maman qui tentent de nous divertir pendant un dimanche pluvieux. Pire, Grand papa, qui va chercher son bon vieux monopoly pour nous montrer que la vie c’est pas facile et qu’il faut bien gérer son capital.

Parce tout le monde a vécu au moins une fois une partie de monopoly où on jette le plateau par terre en courant derrière son cousin qui vient de vous ruiner.

Parce qu’un jeu où on gagne en écrasant littéralement les autres ça énerve, ça frustre, ça donne de mauvais souvenirs … sauf pour le gagnant , et encore !

Donc oui, le jeu de société, c’est ringard et c’est même repoussant quand il s’agit de l’associer à ces souvenirs de jeunesse mêlant pluie, halène de grand-père, leçons sur la vie, frustration et engueulades.

Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Avez-vous déjà lu en famille le mode d’emploi de votre dernière cafetière ? Avez-vous déjà débattu longuement de la dose de café moulu à mettre dans le filtre.

Faut-il plier les bords du filtre, justement, pour faciliter l’écoulement ? Faut-il utiliser de l’eau distillée pour éviter d’encrasser les tubulures de cette passionnante invention ?

 

Faut-il vraiment chercher la petite bête pour oublier qu’une bonne tasse de café efface finalement toutes ces questions.

 

Et si on allait chercher grand-père et lui expliquer que la vie ce n’est pas qu’une hypothèque et qu’un cousin qui ruine votre vie ?

Le café vient de couler.

Il est à la bonne température. Grand-père arrive et déjà dans le couloir, il dit « hum, ça sent bon j’en prendrais bien une petite tasse »

Vous vous installez et prenez le temps de savourer le moment.

Fin d’après-midi, le soleil entame sa descente et la porte coulissante de la véranda laisse entendre ce bon vent chaud massant les branches du pommier au fond du jardin.

– Tu te souviens grand-père, quand tu m’a appris à jouer au monopoly ? je peux te l’avouer maintenant, j’ai toujours détesté jouer au monopoly ! mais je dois te remercier. Tu te souviens de ce que je fais dans la vie ?

– Heuu, oui, tu joues toute la journée et on te paie pour ça ! le sourcil gauche se soulève. Un masque facial qui en dit long.

– Plus ou moins, en effet. Je suis auteur de jeu ! En fait, j’ai parfois des idées et je les concrétise sous forme de jeu, je tente de procurer de bons moments aux joueurs, de bons souvenirs … de quoi en reparler plus tard et avoir envie de recommencer… tu vois comme une bonne tasse de café qu’on aurait envie de reprendre.

– Et tu gagnes assez de sous pour vivre avec ça ?

– heu, pas encore. Du moins j’espère que dans quelques années… enfin si j’arrive à concrétiser certaines de mes idées et surtout de rencontrer les bonnes personnes … enfin comme dans tout métier finalement.

Certains racontent le jeu de société moderne en comparant le tube cathodique noir et blanc avec la dernière télé LED 3D. D’autres parlent de la dernière fois qu’ils ont été manger chez des copains. Ils ont joué à un truc avec des cartes et des personnages à mimer mais ils ne se souviennent pas du nom du jeu.

Une famille ouvre des yeux grands comme ça quand ils rencontrent un jeu où il est explicitement écrit que l’on DOIT tricher pour gagner.

J’amène un petit jeu à la place du traditionnel ballotin de pralines quand je vais manger chez des amis … on terminera la soirée en jouant … dingue !

 

Il existe des jeux sans gagnant maintenant … ou plutôt sans perdant. « J’ai gagné !, heu non tu as perdu …. enfin je ne sais plus. »

Des jeux où on ne compte même plus les points parce qu’on a passé un bon moment et c’est ça qui compte.

Des jeux utilisés en hôpitaux parce qu’ils sont vecteurs de plaisir et participent à la rééducation de cérébrolésés…

 

Monopoly mon ami, tu m’a permis de découvrir que je pouvais t’ajouter de nouvelles règles, de nouvelles manières de jouer et, là où certains te traiteraient de ringard, je te donnerais le titre de d’obsolète. Tu étais nécessaire à l’évolution ludique et tu es indéniablement une boîte remplie de souvenirs que je regarde avec affection.

 

Il faut absolument que j’appelle mon cousin pour lui proposer une tasse de café !

et maintenant … Allez Jouer !

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