Faire de la démo de jeu c’est vendre 50% de boîtes en moins – Jesse Schell

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source : Gregory Short and Geoffery Zatkin, heads of the Electronic Entertainment Design and Research Group (EEDAR) http://www.eedar.com/

C’est ce que a présenté lors du DICE 2013 en ce qui concerne les ventes de jeu video. Les mêmes progressions de ventes par mois sont vérifiées pour PS et XBOX. Les jeux ayant été mis à disposition sous forme de démo avant vente officielle font les pires chiffres de vente .

Pourquoi ? parce que jouer est un plaisir et que le plaisir et décuplé par l’attente, la planification de l’obtention de ce plaisir. En dehors de considérations commerciales c’est ici une approche philosophique qui prend le dessus.

 » Il y a plaisir, il y a joie quand on désire ce qu’on a, ce qu’on fait, ce qui est. C’est ce que j’appelle le bonheur en acte. En un certain sens, c’est un bonheur désespéré car c’est un bonheur qui n’espère rien « .(André Comte-Sponville)

La Philosophie nous apprend que le bonheur est dans l’attente d’obtenir quelque-chose et que le vrai bonheur est d’atteindre une étape ou obtenir quelque-chose tout en ayant encore envie de l’avoir.

Combien d’entre-vous ont senti cette impatience impulsive devant un objet, un voyage, un rendez-vous (…) et ont vu ce sentiment disparaître directement après avoir enfin obtenu la chose pour avoir envie d’une nouvelle chose que vous n’avez pas encore  ?

C’est malheureusement ce que la société occidentale à fait de nous en générant des manques pour des envies et non plus des besoins …

Ce que démontre le graphe c’est que générer l’envie (« having a plan ») pousse beaucoup plus à l’envie d’achat que la démo. La démo c’est déjà avoir une partie du produit et donc le « plan » est a moitié réalisé donc « passons à autre chose »

Mais ca c’est dans le jeu vidéo … quid du jeu de société ?

pourrait-on vider Essen en ne postant que des vidéos de gens qui jouent pour doubler les ventes ?

Là où la constatation est dangereuse c’est que générer l’envie en retirant toute démo pousse à l’achat aveugle et ce n’est pas ce que veulent les éditeurs/auteurs ? Le but c’est de mettre sur la table un jeu qui a été choisi parce-qu’on l’a vu en démo, parce qu’on y a joué dans un festival, parce-qu’on y a joué chez des amis … parce qu’on a ressenti du plaisir voire même du bonheur et qu’on a envie de le partager … Non ? Et ce n’est pas une bande annonce sur youtube qui va pousser à l’achat … Mais que nous réserve le futur ?

Playing is a series of meaningfull choices ()

Maintenant du côté : parlait de frustration comme étant un élément majeur dans le développement d’un jeu. Trops de choix à faire, devoir lâcher 3 possibilités pour une 4ème, voire un joueur prendre l’action que l’on convoitait, j’en passe et des meilleures. Mais finalement, ce qui motive le joueur à gérer ces frustrations et passer outre c’est le fait qu’il a un plan, un objectif … une stratégie … et là on y est : la volonté de jouer/gagner d’un joueur n’est rien d’autre que l’obtention de la chose convoitée et qui génère parfois cette fameuse impulsivité/impatience.

Si on donne a l’avance une démo de sa victoire à un joueur, il ne jouera pas … par contre si on lui donne les éléments pour qu’il puisse lui même imaginer sa victoire … il viendra jouer.

Et quand je parle de victoire, je reprendrai la vision la plus large comme décrite par : « Dans un jeu, l’important n’est pas de gagner mais de tenter, à chaque tour, de prendre la meilleure décision possible » ou encore la vision de Sid Meier concernant le jeu « A series of meaningfull choices »

 

via Jesse Schell: Releasing a Game Demo Can Cut Sales in Half – IGN.

::Qui est Jesse Schell ?

:: EEDAR

::D.I.C.E. (Design, Innovate, Communicate, Entertain) Summit

4 Responses

  1. Testorious

    Bonjour, article très intéressant mais je voudrait apporter une nuance.

    Le jeux vidéo, comme beaucoup d’autre produits attirant l’achat par envie et non besoin, sont des produit très différents du jeux de société.

    Le jeux vidéo est généralement un jeux qui se joue seul. Comme le dernier Iphone, la dernière Mini Cooper, ou la paire Rayban, le plaisir du possesseur est décrit de manière totalement différent du jeux de société.

    Pour détailler : JE vais pouvoir jouer au dernier jeux avec LE PLUS de pixel que les autres n’ont pas, et LE PLUS d’image par seconde, avec la console avec LE PLUS de puissance, et les caractéristique comme la reconnaissance 3D et je ne sais quoi que les autres n’ont pas et que MOI j’ai !!

    JE viens d’acheter le dernier Iphone avec ceci et cela, et que MOI j’ai ce qui se dit de meilleurs dans le milieux dans lequel je suis.
    JE porte les lunettes trop cool parce que cette star a les même et que JE peux craner en portant les DERNIERES lunettes que j’ai MOI et pas tout le monde.
    Je laisse deviner la suite pour la Mini Cooper ou autre « objet » de ce genre.

    Le jeu de société est totalement différent. Si on peut penser qu’un sentiment similaire à ce que je viens de décrire plus haut peut être ressentie en s’appropriant des goodies, l’achat d’un jeux de société ne peut en aucun cas être décrit de cette manière.

    J’achète un jeu parce que je veux y jouer avec les AUTRES. Je ne peux y jouer seul, donc si j’achète ce jeux qui est super beau, et super chère, et trop classe et que personne ne l’a, et PERSONNE ne veut y jouer, beh ça me sert à rien.
    On achète pas pour soie, mais plus pour les autres. Pour jouer, il faut faire jouer les autres, sinon on ne peut pas jouer.

    « Je me tate à acheter un jeux mais je ne sais pas si je pourrais le sortir souvent. Tiens une table où je peux l’essayer ! Ah oui, là j’imagine trop la tête de ma copine / frère / pote devant ce jeux. » On a envie de prendre du plaisir avec son entourage en y jouant et donc tous le plaisir que je vais avoir, ce ne sera pas en attendant l’achat d’un jeu, mais surtout en attendant le fameux WE en famille / entre amis.

    En recevant tous mes cadeaux à Noel, je peux sortir avec ma Mini Cooper, mes Rayban sur les yeux, ou me planter devant ma PS3 et jouer à PES, mais si j’ai pas d’entourage, mon super jeux de société va attendre sur l’étagère.

    Voila mon avis, bien entendu super hyper subjectif 😉

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    • Nicolas Boseret

      Oui bien sûr, jeu de société -> société etc … quoique le jeu en réseau est tout de même de moins en moins individualiste. J’imagine fort bien des gamers video acheter ensemble leurs jeux videos dans l’optique de jouer en réseau ensemble … mais chacun chez soi. Est-ce vraiment différent du jeu de société ?

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  2. Vidberg

    Le sujet est intéressant d’autant plus qu’il s’intéresse à un aspect qui ne nous touche pas encore directement (ou alors juste les éditeurs) : celui de la recherche de la vente maximum d’un jeu indépendamment de sa qualité.

    Dans le jeu de société, sauf exception mais je n’en vois pas beaucoup, un très bon jeu se vendra toujours plus grâce aux démos et au bouche à oreille. Pour les mauvais peut-être qu’il ne faut pas trop les montrer effectivement… mais de toute façon il ne seront pas rentable dans tous les cas :)

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    • Nicolas Boseret

      oui c’est ca qui est dingue : créer le besoin sans pour autant laisser l’acheteur se poser la question « vais-je vraiment l’utiliser, y jouer jusqu’au bout ? » … là ou je trouve que le discours de Jesse Schell est intéressant c’est qu’il met en évidence que c’est l’idée de jouer qui pousse à l’achat plus que jouer en soi :-) . Des expériences concernant la stimulation ont montré que si dans un premier temps on fait passer un signal sonore avant de manger (pour des souris) , le moment correspondant à la génération de sérotonine se déplace petit à petit du moment ou les souris mangent à celui ou elles entendent le signal sonore … plus de serotonine quand elles mangent parce qu’elles savent que ca va arriver. par contre elles ne savent pas quand le signal sonore arrive …

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